En préambule, je vais te raconter un peu ma vie. J’étais chez un ami, on regardait et commentait ses DVD. C’est à ce moment qu’il me dégaine « Faites le mur ! » en me disant : « il faut que tu le vois ». Je pars donc avec le DVD sous le bras et j’ai profité d’un moment de mon weekend pour le regarder. Ce qui nous amène à cet article aujourd’hui.
« Faites le mur ! » est sorti en 2010 et il est réalisé par Banksy. C’est l’artiste le plus énigmatique de ces deux dernières décennies. Son vrai nom est un mystère, à quoi il ressemble également, par contre ses œuvres nous les connaissons toutes.


Banksy est la tête de proue du mouvement Street Art apparu dans les années 1990 qui comprend également Shepard Fairey (OBEY, c’est lui) et Invader (les mosaïques du personnage Space Invader, c’est lui).


Faire un film autour de ce mouvement, avec la contribution de ses différents protagonistes, orchestré par Banksy lui même, aurait pu être une bonne idée et en mettant le film en route, je m’attendais à voir cela. Mais non, ça aurait été trop facile et surtout nous serions passés à côté d’un personnage d’une importance capitale. La genèse de « Faites le mur ! », nous la devons à un homme : Thierry Guetta.

Je vais tout faire pour ne pas vous spoiler, mais la tâche va s’avérer compliquée, sachez le !
Le film/documentaire te présente cet homme, un français expatrié au US et passionné de vidéo. Ça va même plus loin puisque le mec filme TOUT en PERMANENCE. Ses clients dans la boutique de fringues vintage qu’il gère, sa collègue, ses amis, sa famille, même les gens dans la rue. TOUT. Dans les années 1990, le matériel vidéo n’avait pas l’allure de celui d’aujourd’hui, question discrétion, on a fait mieux. Il explique son parcours, ses magouilles pour se faire du fric avec ses vêtements vintage et son besoin de tout filmer. Progressivement, le film montre son incursion dans le milieu street art, notamment par son cousin Invader et sa rencontre avec Shepard Fairey. Guetta devient le caméraman personnalisé de tous les graffeurs de L.A et se fait un petit nom dans ce cercle confidentiel. Tu vois sa frénésie et son besoin de faire parti de ce milieu et surtout d’atteindre l’inatteignable : Banksy.
Quand tu débutes le documentaire, tu ne sais pas vraiment dans quoi tu t’embarques. Tu regardes Thierry Guetta, ce personnage un peu ridicule, avec compassion. Tu admires sa détermination et sa passion. Peu à peu, ton regard change. Tout comme lui. S’il devait exister une personnification du mythe d’Icare, elle s’appellerait Thierry Guetta.
D’homme de l’ombre, d’observateur passionné, il revêt une tenue de lumière grotesque et créé l’image d’un artiste qu’il n’est pas. Pendant plus de dix ans, il a prit note de tout ce qui l’entourait, complètement immergé dans les processus de création et de mise en oeuvre de tous les artistes qu’il filmait. Avec toutes ces informations et encouragé à ce moment là par Banksy, il se les ai réapproprié avec un aplomb dont lui seul a le secret. Thierry Guetta n’est pas un artiste mais il n’en est pas moins un génie. Il est un extraordinaire visionnaire et excellent commercial. Mais il ne créé rien et pourtant aujourd’hui il vit de ses « créations ». Avec ce documentaire, Banksy rétablit la vérité que le storytelling de Guetta a édulcoré. Il se réapproprie son histoire et rend justice aux autres graffeurs ou artistes l’ayant côtoyés. Il fait également le deuil de cette amitié sincère et de ce personnage bizarre qu’il a fait entrer dans son univers sans se douter de ce qui était tapi dans l’ombre. La plus belle des manières de Banksy de dire à Thierry Guetta : « je t’ai niqué ».