Ah la vulgarité. Ce combat permanent que nous menons avec fierté, le poing levé. Si fière de nous vanter de ne pas être touché par ce fléau. Notre société associe régulièrement la vulgarité à un manque de savoir vivre et de bon goût, à traduire par un manque d’éducation. La vulgarité c’est comme une maladie visuellement dégeulasse par laquelle nous sommes tous fascinés mais qui, nous l’espérons, ne nous contaminera jamais.
Le Larousse définit la vulgarité ainsi :
Qui est sans aucune élévation, qui est ordinaire, prosaïque, bas, commun
Qui manque d’éducation, de délicatesse, qui fait preuve de grossièreté
Qui est quelconque, ne dépasse pas le niveau moyen
Sachez maintenant que si un jour on vous fait remarquer que vous êtes vulgaire, en fait on vous dit que vous êtes grossier, que vous auriez dû trainer un peu plus les musées ou du moins lire un vrai livre plus souvent, que vous n’avez pas d’ambition, que votre sensibilité est certainement en train de vous attendre, seule, dans un lieu culturel où vous n’irez jamais. Ou pire encore : que vous êtes ordinaire, une personne moyenne.
Si cette remarque vous ait faite un jour, vous repenserez à ces lignes et vous vous sentirez un poil merdique, mais rassurez vous, quelque soit votre niveau de vulgarité, cette échelle de notation vient de s’effondrer sous le poids de Marseille, LA SERIE.
On passe rapidement sur tous les clichés vulgaires liés à Marseille (le maire s’appelle Taro, tarot de Marseille, lololol, l’accent marseillais aléatoire et forcé etc) très bien résumé ici et on pénètre avec délectation dans l’antre de la vulgarité.
Les Mots
Que penserait Nadine de Rothschild, souveraine du savoir vivre et des bonnes manières si des « si tu me lèches encore comme ça, la prochaine je t’aiderai peut être » ou des « à part ma queue, qu’est-ce que tu veux ? » venaient à arriver jusqu’à ses oreilles ? Et bien elle ferrait un AVC. Ces mots si délicats sont bien extraits des dialogues de la série. C’est bien connu que l’utilisation de termes vulgaires renforce une image voulue, subversive. Le problème ici, c’est qu’un Benoit Magimel au tatoo douteux, au balayage raté et le regard vide sensé évoquer le génie d’un Machiavel parle de sa « queue », on est plus proche du « Bitch, Please » que d’une adhésion.
Les dialogues de Marseille sont dans cette ligne de vulgarité et vide de sens. Sachez que j’ai le plus grand respect pour les comédiens d’avoir réussi à prononcer ces mots sans avoir eu envie de mourir après. Si vous souhaitez quelques amuse-bouches, un Tumblr a eu la bonne idée de regrouper ces punchlines.
Les Attitudes
Pour résumer :

D’une attitude vulgaire, résulte souvent une situation extraordinaire, qui peut nous amener à agir ainsi. Dans Marseille, cette explication ne s’applique pas. Ici les personnages sont toujours borderline parce que leur psychologie a été travaillée à la truelle. On ne parle plus de Magimel, qui a lui seul justifie que l’on regarde Marseille, mais attardez vous sur le personnage de Julia Taro. Ce personnage répond à tous les critères de vulgarité : ordinaire, grossièreté, nivellement par le bas, aucune nuance. Un personnage qui fait parfaitement écho à celui de Magimel. Je n’en dis pas plus. INCROYABLE SUSPENSE.
D’une certaine manière, il est bon que Marseille se soit plantée avec autant de lourdeur. Déjà parce que ça fait plusieurs jours que l’on rigole beaucoup et c’est très bon de rire. Ensuite parce que cet accident soulève des vraies questions quant l’écriture d’un show en France. Il existe de bonnes séries françaises dont la narration, le style, les personnages sont travaillés avec minutie. D’autre part, la présence de Netflix ne garantit pas la qualité du programme. Voilà, sachez le. Et enfin, Marseille sera diffusée ce jeudi sur TF1. Je ne peux que vous conseiller de regarder.
